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H.I.I.T. et Diabète de type II

par P. Debraux | 7 Juin 2016

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Le diabète de type II une maladie métabolique qui se caractérise par une élévation chronique de la glycémie sanguine (i.e., le taux de glucose dans le sang) au-delà de la normale. Le diabète de type II résulte de facteurs génétique, environnementaux et du mode de vie. Aujourd'hui, cette maladie est associée au mode de vie "occidental", lui-même associé à la sédentatité, au surpoids et à l'obésisté, et au vieillissement de la population. Si le diabète de type II apparaissait généralement autour de 40 ans, il est de plus en plus présent chez les populations jeunes. Il représente 90% des cas de diabète et la fédération internationale du diabète prévoit que le nombre de diabétiques pourrait passer de 285 millions en 2010 à 438 millions en 2030 (source : PasseportSanté.net).

Pour améliorer l'état de santé des personnes diabétiques de type II et pour limiter les risques associées à cette maladie (e.g., maladies cardio-vasculaires, atteintes des nerfs, etc.), il est recommandé de pratiquer une activité physique régulière. L'American Diabetes Association et l'American College of Sports Medicine recommandent environ 150 minutes par semaine d'entraînement aérobie d'intensité moyenne à élevée et 2-3 séances par semaine de musculation. Nous avions d'ailleurs déjà évoqué dans des articles précédents, l'impact de la musculation chez des diabétiques de type II, ainsi que l'effet de l'entraînement aérobie sur la sensibilité à l'insuline.

Une des raisons les plus souvent évoquées par les patients sédentaires est le manque de temps. L'intérêt d'un protocole H.I.I.T. est justement de réduire le temps d'entraînement en alternant des périodes de travail courtes à intensité élevée avec des périodes de récupération. Le gain de temps est significatif en comparaison à des entraînements aérobie classiques, et la plupart des études ayant faits la comparaison semble indiquer une supériorité du H.I.I.T. Malheureusement, ces études étaient réalisées sur une courte période (2 semaines), qu'en serait-il alors des effets d'un programme de H.I.I.T. de 4 mois sur des patients atteints de diabète de type II ?

L'étude réalisée

Pour répondre à cette question, une équipe internationale de chercheurs a étudié l'impact d'un entraînement de H.I.I.T. sur la santé de patientes atteintes de diabètes de type II. Pour les 16 semaines du protocole, les chercheurs ont recruté plus de 80 femmes diabétiques. A la fin du processus de sélection, seules 28 femmes ont été retenues pour participer à l'étude. Toutes ces patientes étaient âgées de 35 à 55 ans, avec une IMC comprise entre 25 et 35 kg/m², et avaient une glycémie à jeun supérieure à 126 mg/dL et un taux d'hémoglobine glyquée (HbA1C) supérieur ou égal à 6.5%.

Les participantes ont été assignées à deux groupes. Un groupe H.I.I.T. (n = 14) qui nécessitait de réaliser 3 entraînements hebdomadaires et un groupe contrôle (n = 14) qui ne faisait aucune activité physique. Pour le groupe H.I.I.T., l'entraînement a commencé les deux premières semaines avec des intervalles de travail de ~30s de course/marche (à environ 90-100% de leur fréquence cardiaque de réserve prédite avec l'âge) et des intervalles de récupération active de ~120s de marche (à environ 70% de leur fréquence cardiaque de réserve prédite avec l'âge). Toutes les deux semaines, l'intervalle de travail augmentait de 7-10% en durée et l'intervalle de repos diminuait de 4% en durée. De plus, toutes les 4 semaines, 2 intervalles travail/récupération étaient ajoutés.

Avant et après les 16 semaines du protocole, les chercheurs ont prélevé des échantillons sanguins et ils ont fait passer un test d'endurance de 2 km où les patientes avaient pour instruction de marcher le plus vite possible.

Résultats & Analyses

Les principaux résultats de cette étude montrent qu'un entraînement de 16 semaines de H.I.I.T. permet de diminuer significativement la glycémie à jeun et le taux d'hémoglobine glyquée (Fig. 2 et Fig. 3). La glycémie est un indicateur instantané alors que le taux d'hémoglobine glyquée est un indicateur du comportement de la glycémie sur une période de 2 à 3 mois. Ces améliorations ont eu lieu alors même que le dosage quotidien des médicaments antihyperglycémiques était diminué.

Travail des ischio-jambiers avec Valslide

Figure 1. Glycémie à jeun. *Significativement différent de la condition avant ; #Significativement différent du groupe H.I.I.T.

Travail de gainage dynamique au pivote-barre

Figure 2. Taux d'hémoglobine glyquée. *Significativement différent de la condition avant ; #Significativement différent du groupe H.I.I.T.

Le groupe H.I.I.T. a également significativement diminué la masse corporelle, le tour de taille, la somme des 4 plis cutanés, la pression sanguine systolique (-3.7 mmHg), la performance au test sur 2 km, ainsi que le profil lipidique (Table 1).

Tableau de données

Applications pratiques

Avec un temps d'entraînement inférieur aux recommandations officielles (entre 66-112 minutes hebdomadaires, soit 25 à 56% de réduction), cette étude montre que le H.I.I.T. permet une amélioration significative de nombreux paramètres de santé comme la glycémie à jeun, le taux d'hémoglobine glyquée, le profil lipidique, la perte de poids, le taux de masse grasse, la pression sanguine, etc.

Il est reconnu que l'amélioration du contrôle de la glycémie ainsi que la diminution des facteurs de risque cardiovasculaire peuvent affecter positivement les complications liées au diabète. Une diminution de la pression sanguine systolique/diastoique de 2.1/0.9 mmHG réduit de 10% les risques cardiovasculaires majeurs chez les diabétiques de type II. Une augmentation de 1 mg/dL de cholestérol HDL est associé à une diminution de 2-3% du risque de maladie coronarienne. Les résultats de cette étude offrent donc de belles perspectives d'applications cliniques. De plus, chez 7 des patientes du groupe H.I.I.T., il y a eu diminution du dosage des médications.

Quelques remarques toutefois à cette étude, il aurait été intéressant que les chercheurs comparent ce protocole de H.I.I.T. avec un protocole d'endurance à intensité modérée en continu, et/ou avec un protocole de musculation afin de comparer les effets. De plus, à cause des chocs répétés, la marche et/ou la course à pied ne sont pas forcément les meilleurs activités pour un protocole de H.I.I.T. chez des personnes en surpoids ou souffrant d'obésité et qui sont pour la plupart inactives. Le travail sur vélo serait tout aussi profitable et beaucoup moins traumatisant.

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Références

  1. Alvarez C, Ramirez-Campillo RR, Martinez-Salazar C, Mancilla R, Flores-Opazo M, Cano-Montoya J and Ciolac EG. Low-Volume High-Intensity Interval Training as a Therapy for Type 2 Diabetes. Int J Sports Med 38 : 180-193, 2016.

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