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Aliments ultra-transformés et mortalité cardio-vasculaire

par A. Manolova | 6 Octobre 2021

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Les maladies cardiovasculaires sont la cause la plus commune de mortalité aux États-Unis et dans le monde. Ces maladies sont un ensemble de troubles qui affectent le cœur et le système vasculaire, et incluent les maladies coronariennes (touchant les vaisseaux qui alimentent le cœur), les maladies cérébrovasculaires (touchant les vaisseaux qui alimentent le cerveau), les maladies rhumatismales, les tromboses veineuses et bien d'autres. En 2016, le nombre de morts du à ces maladies était de 840 000 aux États-Unis et 17.9 millions dans le monde, soit 31% de la mortalité totale mondiale. Elles sont liées à la génétique, au vieillissement et à nos comportements : tabagisme, consommation d'alcool, niveau d'activité physique & hygiène alimentaire. La mauvaise hygiène alimentaire représente un des facteurs de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires. Mais heureusement, elle est aussi ainsi une cible idéale dans leur prévention puisqu'elle est modifiable.

Aujourd'hui, rien qu'aux États-Unis, environ 58% des calories journalières sont fournies par des aliments ultra-transformés tels que les barres sucrées, les céréales, les biscuits, les gâteaux les chips, les boissons sucrées, etc. Ils représentent des formulations industrielles conçues partiellement ou totalement à partir de substances dérivées d'additifs et de nourriture. Ils sont généralement prêts à consommer, très peu coûteux, très appétissants, très riches en calories et ils bénéficient d'un fort marketing/packaging. Leur qualité nutritionnelle est très mauvaise et de nombreuses études montrent aujourd'hui que la consommation de ces produits est associée à l'obésité, l'hypertension, la dyslipidémie, le cancer et des dérèglements hormonaux. Les aliments ultra-transformés ont souvent été associés avec les maladies cardiovasculaires mais existe-t-il un lien préventif avec la mortalité due à ces maladies ?

L'étude réalisée

Pour étudier ce lien, des chercheurs chinois ont réalisé une analyse prospective en se servant des données de l'étude clinique américaine Prostate, Lung, Colorectal, and Ovarian Cancer Screening Trial qui avaient débuté dans à la fin des années 90 pour se terminer en 2015. Ainsi, les chercheurs ont analysé les données de 91 891 adultes américains, âgés de 54 à 74 ans, et plus précisément le lien entre la consommation d'aliments ultra-transformés et la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires.

Tous les participants à cette étude ont rempli un questionnaire détaillé de 137 items sur leur consommation alimentaire quotidienne. Au début de l'étude, aucune personne n'avait souffert ou ne souffrait de problèmes cardiovasculaires ou d'un cancer. En plus de ces données, les participants indiquaient leur sexe, leur ethnie, leur hauteur, leur masse corporelle, leur niveau d'éducation, leur historique de diabète ou d'hypertension et s'ils étaient fumeurs ou non.

Grâce à ces données, les chercheurs ont pu classer les aliments consommés parmi 1 des 4 catégories de la classification NOVA (1) Aliments non-transformés ou peu transformés, 2) Ingrédients transformés de manière culinaire, 3) aliments transformés et 4) aliments ultra-transformés). La consommation des aliments ultra-transformés était exprimée en portion par jour. Enfin, les chercheurs ont relevé le nombre de morts durant la période de l'étude. Les participants étaient répartis en quintile, le premier quintile étant celui de référence avec la consommation la moins grande d'aliments ultra-transformés.

Résultats & Analyses

La consommation moyenne de portions d'aliments ultra-transformés était de 2.7 ± 3.8 par jour. Cela correspondait à une contribution énergétique quotidienne d'environ 35.5 ± 16.6 %. En comparaison au 1er quintile (moins de 0.5 ± 0.1 portions par jour), les personnes appartenant au 5ème quintile (plus de 4 ± 8.2 portions par jour) avaient plus de chances d'être des hommes, plus jeunes, fumeurs ou anciens fumeurs, en surpoids ou obèses, avec du diabète ou de l'hypertension, des niveaux plus faibles de consommation d'alcool, d'activité physique, d'éducation mais une consommation calorique plus élevée. Ces personnes consommaient également plus de viande rouge et de produits laitiers, de sucres et de graisses saturées mais moins de fruits et de légumes.

Durant 13.5 ± 3.3 années, 5490 morts cardiovasculaires ont été rapportées, dont 72.6% étaient dues à une maladie cardiaque et 20.5% à une maladie cérébrovasculaire. Les principaux résultats de cette étude montrent que les personnes consommant le plus de portions d'aliments ultra-transformés étaient celles qui avaient le plus grand risque de mortalité cardiovasculaire (1.5 fois plus que les participants qui ont consommé le moins d'aliments ultra-transformés). Aucune association n'était observée pour les maladies cérébrovasculaires. Lors d'analyses supplémentaires, les chercheurs ont remarqué que le risque de mortalité était plus élevé chez les femmes que chez les hommes.

Un seuil de 2.3 portions par jour a été observé en-dessous duquel il n'y avait aucune association entre la consommation de produits ultra-transformés et le risque de mortalité cardiovasculaire. Néanmoins, ce seuil était plus faible chez les femmes que chez les hommes (1.8 chez les femmes contre 4.1 chez les hommes).

Les effets néfastes des produits ultra-transformés pourraient s'expliquer par plusieurs raisons. Tout d'abord, leur consommation réduit la consommation de produits non-transformés comme les fruits et les légumes. Ensuite, la composition nutritionnelle de ces produits est généralement mauvaise avec beaucoup de sucres ajoutés, d'acide gras trans et très peu de fibres. De plus, des transferts chimiques entre les emballages et les produits peuvent avoir lieu. Des études ont montré que la consommation d'aliments ultra-transformés pouvait augmenter l'exposition aux phtalates, eux-mêmes facteurs de risques des maladies cardiovasculaires. Les additifs alimentaires utilisés comme le phosphate peuvent également causer des problèmes cardiovasculaires. Enfin, les aliments ultra-transformés peuvent être contaminés par les procédures industrielles de différentes substances toxiques pour l'homme et sa santé.

Concernant la différence existante entre les femmes et les hommes, les chercheurs proposent deux hypothèses. La première est hormonale. Les femmes ayant participé à cette étude étaient ménopausées. Donc aucune différence dans les niveaux d'œstrogène. En revanche, les femmes possèdent des niveaux de testostérone inférieurs à ceux des hommes. Et certaines études montrent que la testostérone jouerait un rôle positif dans le maintien de la santé cardiovasculaire. La seconde explication repose sur la prévention et le dépistage qui selon les chercheurs seraient généralement moins poussés que pour les hommes, en tout cas pour les maladies cardiovasculaires.

Applications pratiques

Une forte consommation d'aliments ultra-transformés est associée à une augmentation du risque de mortalité cardiovasculaire. Et ces effets néfastes pour la santé s'avèreraient plus dangereux encore pour les femmes que pour les hommes. D'après cette étude, il faudrait donc limiter la consommation de ce type de produits à moins de 2 portions par jour. Or, comme nous l'avions déjà expliqué dans un précédent article, du fait de leur composition, les produits ultra-transformés retardent l'effet de satiété. Il est donc malheureusement très facile de consommer de nombreuses portions journalières, sans même s'en rendre compte.

Réduire la consommation de produits ultra-transformés passent tout d'abord par des choix personnels qui doivent être guidés par une connaissance de l'impact que leur consommation peut avoir sur notre santé à long-terme.

Références

  1. Zhong G-C, Gu H-T, Peng Y, Wang K, Wu Y-Q-L, Hu T-Y, Jing F-C and Hao F-B. Association of ultra-processed food consumption with cardiovascular mortality in the US population : long-term results from a large prospective multicenter study. Int J Behav Nutr Phys Act, 2021.

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