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Impact de l'entraînement en musculation sur la rigidité artérielle

par P. Debraux | 11 Janvier 2022

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Première cause de mortalité dans le monde, les maladies cardiovasculaires sont un ensemble de troubles qui affectent le cœur et le système vasculaire, et incluent les maladies coronariennes (touchant les vaisseaux qui alimentent le cœur), les maladies cérébrovasculaires (touchant les vaisseaux qui alimentent le cerveau), les maladies rhumatismales, les tromboses veineuses et bien d'autres. En 2016, le nombre de morts du à ces maladies était de 840 000 aux États-Unis et 17.9 millions dans le monde, soit 31% de la mortalité totale mondiale. Elles sont liées à la génétique, au vieillissement et à nos comportements : tabagisme, consommation d'alcool, niveau d'activité physique & hygiène alimentaire.

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La rigidité artérielle est un facteur de risque indépendant pour le développement des maladies cardiovasculaires. L'augmentation de la rigidité artérielle est associée avec l'augmentation du risque de mortalité chez les séniors et les personnes souffrant d'une maladie chronique telle que l'hypertension ou le diabète, par exemple. Schématiquement, la rigidité artérielle signifie une perte en fibres d'élastine et une accumulation de fibres rigides de collagène sur la paroi artérielle, ce qui a pour conséquence d'affecter la vasomotricité de l'endothelium (couche interne de nos vaisseaux sanguins), et donc la vaso-constriction/-dilatation et la régulation de notre tension artérielle. La rigidité artérielle se mesure via la vitesse d'onde de pouls qui est la vitesse à laquelle le pouls se propage le long d'une artère. Plus cette vitesse est élevée, plus l'artère est rigide.

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De nombreuses études ont observé que la rigidité artérielle était corrélée au niveau d'activité physique. Ainsi, passer plus de temps dans des activités sédentaire serait associé à une plus grande rigidité artérielle alors que passer plus de temps dans des activités physiques serait associé à une plus faible rigidité artérielle. Les activités d'endurance cardiovasculaire telles que la marche ou la course à pied sembleraient avoir un impact positif sur la rigidité artérielle, quel que soit l'âge et l'état de santé. Alors que pour les activités comme la musculation, les résultats des études sont contradictoires, certaines rapportant des effets positifs, d'autres des effets négatifs et certaines n'observant aucun impact. Qu'en est-il vraiment ?

L'étude réalisée

Pour éclaircir cette question, des chercheurs chinois ont réalisé une méta-analyse regroupant 20 études randomisées contrôlées et impliquant 981 participants (462 pour le groupe contrôle et 519 pour le groupe expérimental), âgés de 18 à 88 ans. Chaque étude utilisait un programme d'entraînement durant entre 8 et 12 semaines avec une fréquence de 1 à 5 séances hebdomadaires et avec une intensité allant de 30 à 90% du 1RM. Dans toutes ces études, la technique de mesure de la vitesse d'onde de pouls était utilisée soit entre l'artère carotide et l'artère fémorale (ce qui permet de mesurer la rigidité artérielle centrale), soit entre l'artère brachiale et l'artère tibiale (ce qui permet de mesurer la rigidité artérielle du corps dans sa globalité).

Résultats & Analyses

Les principaux résultats de cette méta-analyse ont montré que l'entraînement de musculation n'a eu aucun effet significatif sur la vitesse d'onde de pouls. Toutefois, l'entraînement de musculation étant dépendant de tellement de paramètres que les chercheurs sont allés plus loin et ont réalisé des analyses par régression pour voir si certaines variables influençaient plus la vitesse d'onde pouls que d'autres. Ainsi, ils ont observé que seule l'intensité était significativement corrélée avec les changements de vitesse d'onde de pouls.

À partir de ce résultat, les chercheurs ont procédé à d'autres analyses en regroupant les études en fonction de 2 intensités : légère-modérée (30-70% 1RM) et élevée (> 70% 1RM). L'intensité légère à modérée a permis de diminuer significativement la vitesse d'onde de pouls, alors que l'intensité élevée n'a eu aucun effet significatif.

Les chercheurs ont ensuite analysé les résultats en fonction de l'âge des participants : moins de 40 ans et plus de 40 ans. Les résultats ont montré que la musculation permettait de diminuer significativement la rigidité artérielle chez les participants de plus de 40 ans.

Enfin, les chercheurs ont analysé l'impact de l'âge et de l'intensité. Ils ont observé que seules les intensités légères à modérées permettaient de diminuer significativement la rigidité artérielle chez les moins de 40 ans comme chez ceux de plus de 40 ans.

Applications pratiques

L'augmentation de la vitesse d'onde de pouls de 1 m/s peut augmenter le risque d'évènements cardiovasculaires de 12 à 14% et la mortalité de 13 à 15%. Et il semblerait que même pour des intensités d'entraînement inférieures à 70% du 1RM, il soit possible d'obtenir une réduction significative de cette variable. Mais les mécanismes exacts de l'impact du renforcement musculaire sur la rigidité artérielle ne sont pas encore pleinement compris. Les auteurs de cette étude émettent la supposition que la musculation à intensité légère-modérée (30-70 % 1RM) activerait moins le système nerveux sympathique et n'augmenterait pas le tonus musculaire, ce qui aurait un effet bénéfique sur la circulation sanguine via l'amélioration de la fonction endothéliale (dont une meilleure production d'oxyde d'azote).

Concernant l'impact des intensités plus élevées, le manque de résultats significatifs ne signifie pas forcément que soulever plus lourd ne permet pas des bénéfices pour la santé (ni que cela serait mauvais). D'autant plus que des études randomisées contrôlées ont déjà montré l'impact positif de l'entraînement en musculation à charge lourde sur la pression artérielle chez des publics avec des problèmes de santé chroniques, sans parler des autres bénéfices pour la santé comme le gain en force maximale, en masse musculaire, en mobilité, en densité minérale osseuse, etc. Toutefois, la vitesse d'onde de pouls est un facteur de risque indépendant, et d'autres études plus poussées seront nécessaires pour mieux comprendre ces résultats et l'impact d'un entraînement en musculation.

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Références

  1. Zhang Y, Zhang Y-J, Ye W and Korivi M. Low-to-moderate-intensity resistance exercise effectively improves arterial stiffness in adults : Evidence from systematic review, meta-analysis, and meta-regression analysis. . Front Cardiovasc Med 8, 738489, 2021.

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