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Maladies non-transmissibles & mortalité : Impact de la musculation

par P. Debraux | 9 Mars 2022

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D'après l'Organisation Mondiale de la Santé, les maladies non-transmissibles (par ex., maladies cardiovasculaires, cancers, diabète de type 2) sont responsables de près de 70% des décès dans le monde. L’augmentation des maladies non-transmissibles serait principalement imputable à quatre facteurs de risque majeurs : le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, une mauvaise alimentation et l'inactivité physique.

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Selon un consensus international, la sédentarité correspond à toutes activités éveillées qui se déroulent en position assises ou allongées. Cela comprend toutes les activités dont la dépense énergétique est inférieure ou égale à 1.5 METs. Le MET est un "équivalent métabolique", une unité arbitraire qui correspond à votre dépense énergétique assis devant la télévision sans parler. La sédentarité est à ne pas confondre avec l'inactivité physique. En effet, l'inactivité physique implique qu'une personne n'atteint pas les objectifs fixés par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au niveau de l'activité physique minimale recommandée. Pour des bénéfices sur la santé, il est recommandé de passer au moins 150 minutes par semaine à pratiquer des activités d'intensité modérée (entre 3 et 6 METs, soit 7.5-15 METs-h/sem) ou au moins 75 minutes d'intensité élevée (supérieures à 6 METs, soit >15 METs-h/sem). Cela signifie que pour suivre ces recommandations de santé, vous pouvez réaliser par exemple 5 séances de 30 minutes de course à pied (6.5 km/h correspond à 6 METs) par semaine ou 3 séances de 25 minutes de course à pied à 10 km/h (10 METs). A cela s'ajoute la pratique d'au moins 2 séances de renforcement musculaire hebdomadaires.

Lire aussi: Notre article sur l'impact de l'activité physique sur la mortalité

La pratique régulière de musculation permet d'augmenter et de préserver la force et la masse musculaires. Et à l'instar du VO2MAX, il a déjà été démontré que la force musculaire était inversement corrélée au risque de mortalité toute cause confondue. Toutefois, la musculation a-t-elle un impact sur le risque de maladies non-transmissibles ? Si tel est le cas, quelle est la dose minimale de musculation pour obtenir des gains significatifs pour la santé ? Existe-t-il une dose maximale à ne pas dépasser ? Et peut-on attendre des bénéfices supplémentaires en combinant la musculation et une activité d'endurance cardiovasculaire ?

L'étude réalisée

Pour tenter de répondre à ces questions, une équipe de chercheurs japonais a réalisé une méta-analyse sur 16 études comprenant entre 3809 et 479 856 participants, suivis sur une durée médiane de 25.2 ans. Les participants (femmes et hommes) étaient âgés de 18 à 98 ans. Toutes les études s'intéressaient spécifiquement à la musculation (sous toutes ses formes : poids de corps ou avec charges additionnelles), mais pas à des activités physiques ou des charges lourdes peuvent être occasionnellement déplacées. De plus, certaines études combinaient également une activité cardiovasculaire. Les chercheurs ont ainsi étudié le rapport entre le volume temporaire hebdomadaire de musculation et les problèmes de santé incluant la mortalité toute cause confondue, les maladies cardiovasculaires, les cancers et certains cancers spécifiques (colon, rein, vessie, poumon et pancréas) et le diabète de type 2. Les informations concernant la pratique des participants étaient collectées soit par questionnaire (13 études) soit par interview (3 études).

Résultats & Analyses

Les principaux résultats de cette étude montrent que le renforcement musculaire est associé à la diminution du risque de mortalité toutes causes confondues, et spécifiquement à celle associée aux maladies cardiovasculaires, au diabète et au cancer. De plus, la réduction maximale du risque (entre 10 et 17%) serait associée à une pratique de la musculation entre 30 et 60 minutes par semaine.

Mortalité toute cause confondue

Sept études incluant 263 058 participants se sont intéressées à la mortalité toute cause confondue. Lors du suivi, 42 133 morts sont survenues. La pratique de la musculation diminuait le risque de 15%. La dose optimale semblait être de 40 minutes par semaine, avec aucun bénéfice observé une fois passé 140 minutes par semaine.

Trois études (581 194 participants et 68 637 morts) ont étudié le bénéfice lié à la pratique combinée de musculation et d'endurance cardiovasculaire. Le risque de mortalité toute cause confondue a diminué de 40%.

Maladies cardiovasculaires

Sept études (257 888 participants et 16 056 cas) ont montré que la pratique de musculation diminuait le risque de 17%. La dose optimale semblait être de 60 minutes par semaine, avec aucun bénéfice observé une fois passé 130 minutes par semaine.

Trois études (582 672 participants et 15 643 cas) ont étudié le bénéfice lié à la pratique combinée de musculation et d'endurance cardiovasculaire. Le risque de maladies cardiovasculaires a diminué de 46%.

Cancer

Six études (540 543 participants et 21 253 cas) ont montré que la pratique de musculation diminuait le risque de 12%. La dose optimale semblait être de 30 minutes par semaine, avec aucun bénéfice observé une fois passé 130 minutes par semaine.

Trois études (585 930 participants et 17 212 cas) ont étudié le bénéfice lié à la pratique combinée de musculation et d'endurance cardiovasculaire. Le risque de mortalité lié à un cancer a diminué de 28%.

De plus, la pratique de la musculation était associée avec une diminution de 10% du risque de cancer du poumon. Aucune association n'a été observée entre la musculation et la diminution du risque de cancer du colon, du rein, de la vessie ou du pancréas.

Diabète

Cinq études (202 486 participants et 9548 cas) ont montré que la pratique de musculation diminuait le risque de diabète de 17%. La dose optimale semblait être de 60 minutes par semaine, avec une légère amélioration plus le volume horaire augmente.

Applications pratiques

La pratique de la musculation est associée à un plus faible risque de mortalité toute cause confondue et avec un plus faible risque de mortalité lié aux maladies non-transmissibles majeures : les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète. Ce risque semble associé à une pratique hebdomadaire moyenne de 30 à 60 minutes. Cependant, l'allure des courbes (en forme de U inversé) laisse supposer qu'une pratique supérieure à 130-140 minutes par semaine n'aurait aucun bénéfice pour la santé et pourrait même augmenter le risque de mortalité…

Ces résultats surprenants peuvent s'expliquer principalement par deux points : le premier est que le volume horaire hebdomadaire et le type de pratique ont été rapportés via questionnaire et interview. On sait qu'il existe une surestimation ainsi que de l'imprécision lorsqu'il est demandé à des personnes d'indiquer le type de pratique, l'intensité, la durée et tout autre détail important pour avoir une idée réelle de l'activité physique réalisée. Le second point est que le nombre d'études était relativement faible et les chercheurs n'ont pas pu réaliser des analyses complémentaires sur des franges spécifiques des participants (par exemple, en fonction du niveau de pratique).

De plus, toutes les études démontrant les bienfaits de la musculation sur la santé suivent des programmes d'entraînement avec plus de 2 séances hebdomadaires, quel que soit le public. Il faudra donc plus d'études pour pouvoir tirer des conclusions plus clairs sur les bénéfices (ou non) à long-terme en fonction de la dose et de l'intensité.

Références

  1. Momma H, Kawakami R, Hond T and Sawada SS. Muscle-strengthening activities are associated with lower risk and mortality in major non-communicable diseases : a systematic review and meta-analysis of cohort studies. Br J Sports Med, 2022.

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