Parmi les exercices utilisés pour réaliser des tests de force et de puissance du haut du corps, le développé couché est généralement l'un des plus utilisés dans le milieu sportif (voir les articles 8, 10, 18 et 22) et médical (voir les articles 31 et 38). Il permet en effet d'évaluer la coordination musculaire des membres supérieurs et du buste dans les efforts de poussée.
Le développé couché est un exercice de musculation. Il consiste à s’allonger sur le dos sur un banc plat avec la tête, les épaules et les fesses en contact avec la surface du banc, et les pieds posés à plat au sol (Fig. 1). Selon les paramètres étudiés, il existe différentes modalités d'exécution de l'exercice. En général, le mouvement "classique" débute par une phase excentrique (descente de la barre, flexion des membres supérieurs) suivie d'une phase concentrique (remontée de la barre, extension des membres supérieurs). Mais parfois, seule la phase concentrique du mouvement est étudiée, dans ce cas, la barre repose à quelques centimètres au-dessus de la poitrine de l'athlète et celui-ci doit juste réaliser une extension complète des membres supérieurs.
Figure 1. Développé couché.
Enfin, à ces deux possibilités s'ajoutent deux autres possibilités de finaliser le mouvement. Dans la version classique, la barre ne quitte jamais les mains de l'athlète et son déplacement s'arrête lorsque les membres supérieurs du sujet sont en pleine extension. Néanmoins, certains protocoles d'études nécessitent une projection de la barre, ainsi l'athlète doit lâcher la barre lorsque ces bras arrivent en pleine extension.
Mais alors, quelle est l'influence de ces modalités sur les performances au développé couché et laquelle choisir selon les qualités que vous désirez tester ?
Cette étude publiée en 2006 par une équipe de chercheurs belges en 2006 a permis de fournir quelques réponses à ces questions. Pour cela, 26 étudiants, sportifs, ont participé à l'étude et les chercheurs ont étudié 4 modalités différentes au développé couché :
Note : Il est important de préciser que ces tests ont été réalisés sur une "Smith machine", c'est-à-dire que la barre était guidée, comme nous l'avons vu dans un article précédent, le mouvement de développé couché n'est pas linéaire. Cela nécessite moins d'apprentissage technique et assure une plus grande sécurité, mais cela peut également minorer les résultats. Mais la comparaison des modalités reste tout à fait juste.
Pour les 4 modalités, l'exécution de la phase concentrique devrait être la plus rapide possible. Et lorsqu'il y avait un contre-mouvement, la barre devait arrêter sa descente dans les 5 cm au-dessus de la poitrine du sujet. La charge utilisée était de 23 kg pour toutes les modalités.
Pour effectuer une comparaison fiable, les chercheurs ont équipé la barre d'un dynamomètre combinant un accéléromètre et un capteur de déplacement. À partir de ces mesures, pour chaque phase concentrique, les valeurs moyennes et maximales de la vitesse (vmoy et vMAX, en m·s-1) et de la puissance produite (Pmoy et PMAX, en W) ainsi que le temps nécessaire pour atteindre chaque valeur maximale (tPMAX et tvMAX, en ms) ont été déterminées. Enfin, le déplacement maximal (dMAX, m) de la barre a également été mesuré.
Les résultats principaux sont résumés dans la Table 1. Il semble que la réalisation d'un contre-mouvement favorise l'augmentation de la vitesse moyenne sans changer les valeurs maximales de vitesse et de puissance. Néanmoins, le temps pour atteindre ces maxima est significativement réduit. La projection de la barre permet une augmentation significative de la vitesse et de la puissance maximale avec un retardement du temps pour atteindre ces maxima.
L'amélioration due au contre-mouvement semble être présente essentiellement au début de la phase concentrique sans améliorer la finalité du mouvement. Ce contre-mouvement fait intervenir plusieurs facteurs qui sont liés principalement à la nature du complexe musculotendineux : L'énergie potentielle élastique, une modification de la configuration des têtes de myosines et une augmentation de la raideur musculotendineuse.
Table 1. Valeurs moyennes des différentes variables selon les 4 modalités réalisées en développé couché par des étudiants (n = 23). | ||||||||
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Variables | Comparaison des 4 modalités | Influence du contre-mouvement | Influence de la projection | |||||
DCC | DCCpr | DCM | DCMpr | CC | CM | Sans | Avec | |
a Supérieur à la performance de la modalité DCC (p < 0.05) b Supérieur à la performance de la modalité DCCpr (p < 0.05) c Supérieur à la performance de la modalité DCM (p < 0.05) d Supérieur à la performance de la modalité DCMpr (p < 0.05) * Différence significative (p < 0.01) |
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dMAX (m) | 0.59 | 0.78a,c | 0.58 | 0.79a,c | 0.69 | 0.69 | 0.59 | 0.79* |
vmoy (m·s-1) | 1.37 | 1.36 | 1.42a,b | 1.44a,b | 1.36 | 1.43* | 1.39 | 1.40 |
vMAX (m·s-1) | 2.38 | 2.50a,c | 2.38 | 2.53a,c | 2.44 | 2.45 | 2.38 | 2.51* |
tvMAX (ms) | 302c,d | 319a,c,d | 258 | 281c | 311 | 269* | 280 | 300* |
Pmoy (W) | 331 | 319 | 321 | 328 | 325 | 324 | 326 | 324 |
PMAX (W) | 954 | 1003a,c | 921 | 1009a,c | 978 | 965 | 937 | 1006* |
tPMAX (s) | 262a,b | 272a,c,d | 207 | 225c | 267 | 216* | 234 | 249* |
Mais lors de sauts verticaux, pourquoi observe-t-on une différence en terme de hauteur verticale et de puissance produite entre un squat jump et un counter-movement jump alors que cette différence ne s'observe pas en développé couché ? Les auteurs de cette étude expliquent que l'amplitude et la durée du développé couché sont plus importantes que lors d'un CMJ, ce temps supplémentaire provoque donc une dissipation des effets bénéfiques du contre-mouvement avec la fin de l'extension. De plus, les effets bénéfiques du contre-mouvement dépendront également de la vitesse de la phase excentrique, de la charge utilisée, du niveau d'étirement, de la composition musculaire et du niveau de force. La maîtrise du contre-mouvement chez les athlètes expérimentés permettra de passer un point mort situé à quelques centimètres au-dessus de la poitrine mais le reste du mouvement dépendra essentiellement du profil de force-vitesse individuel.
La projection de la barre permet une augmentation de la vitesse maximale et donc de la puissance maximale. Cela est principalement due au fait que la barre est accélérée sur une plus grande distance. En effet, plusieurs études ont montré que lorsque l'athlète conserve la barre dans les mains, celle-ci est décélérée sur plus de 40% de la phase concentrique dans un but protecteur. Le relâchement de la barre en fin d'extension permettrait de mieux exprimer son potentielle de production de puissance maximale.
Vous l'aurez compris, le choix d'une modalité spécifique doit dépendre principalement de ce que vous souhaitez évaluer. Le développé couché concentrique permettra une évaluation presque exclusivement musculaire avec un apprentissage technique plus faible, l'athlète doit simplement pousser la barre le plus rapidement possible. Le choix de la barre guidée permet également de simplifier la phase d'apprentissage, la stabilisation de la charge est plus simple.
Le contre-mouvement, quant à lui, induira une amélioration des performances difficilement standardisable entre les athlètes, puisqu'elle dépendra de nombreux facteurs : expertise de l'athlète sur le mouvement, anthropométrie, typologie musculaire, par exemple. Néanmoins, cette modalité permet d'évaluer le cycle étirement-détente et l'utilisation par l'athlète de l'énergie potentielle élastique.
Pour la projection de la barre, la principal problématique de cette modalité est la réception de la charge projetée. Lorsque la charge est faible, il y a peu de risques mais lorsque celle-ci devient importante, les risques augmentent (lésions musculaires, traumatismes articulaires et osseux). Il est donc primordial de réaliser ce genre de test avec une installation adaptée. Cette modalité est néanmoins très intéressante, car elle permet de travailler l'accélération de la charge sur une plus grande portion de la phase concentrique.
Pour palier à ce problème technique sur cet exercice de développé couché, comme nous l'expliquons dans notre dossier sur les bandes élastiques, il est possible de placer des bandes élastiques sur la barre de développé couché, ainsi vous bénéficierez d'une résistance supplémentaire progressive qui obligera l'athlète à accélérer la barre jusqu'à la pleine extension, c'est que l'on appelle l'accélération compensatoire.
Pour finir, nous vous conseillons de vous équiper d'un appareil vous permettant d'évaluer les variables cinématiques (accélération, vitesse et déplacement) et cinétiques (force et puissance). Nous vous recommandons la lecture de l'article sur la comparaison du Myotest, du GymAware et de la plateforme de force. Nul doute que vous trouverez ces petits appareils très pratiques et convénients pour les tests de terrain.
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