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Réduction de l'adiposité viscérale : Exercice vs. Médicaments

par P. Debraux | 24 Septembre 2019

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Le surpoids et l'obésité sont considérées comme des maladies chroniques non-transmissibles par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Durant les dernières décennies, telle une véritable pandémie, ces maladies ont augmenté exponentiellement et touchent aujourd'hui dans le monde environ 37% des femmes et 38% des hommes (ces chiffres étant même supérieurs dans les pays développés). En cause, des comportements sédentaires importants, un manque d'activité physique et une alimentation trop riche en calories. L'obésité prédispose à de nombreux problèmes cardiométaboliques comme la résistance insuline, le diabète de type 2, le syndrome métabolique, les maladies cardiovasculaires et certains cancers.

Il est établi aujourd'hui que la répartition et la localisation de la masse grasse dans le corps est plus importante en termes de santé que la quantité de masse grasse elle-même. Ainsi, la masse grasse viscérale (masse grasse située principalement au niveau de l'abdomen et autour des organes) représente un danger important pour le métabolisme. L'accumulation anormale de masse grasse (dite ectopique) au niveau des viscères s'accompagne généralement de modifications métaboliques assez graves (inflammation chronique, stress oxydatif, etc.) qui s'avèrent néfastes pour le fonctionnement normal du corps. Heureusement, pour éliminer le tissu adipeux viscéral et avec lui, les problèmes de santé qui y sont liés, il existe différentes méthodes dont la modification du style de vie (alimentation et activité physique) et les médicaments. Mais comparativement, quel est l'impact réel de ces deux méthodes sur la perte de masse grasse viscérale ?

L'étude réalisée

Pour répondre à cette question, une équipe internationale de chercheurs a conduit une méta-analyse, c'est-à-dire une analyse regroupant les résultats de plusieurs études sur une thématique précise, comparant les effets d'une thérapie pharmaceutique (Liraglutide, Orlistat, Rimonabant, Gemfibrozil, Metformin, Rosuvastatin, Empagliflozin et Ezetimibe) et ceux de l'exercice physique (endurance, endurance et musculation ou musculation) principalement sur la perte de masse grasse viscérale, et accessoirement sur la perte de masse grasse sous-cutanée et la perte de poids. Pour faire partie de la sélection de cette méta-analyse, les études sélectionnées devaient être 1) des essais randomisés contrôlés ; 2) que la mesure de l'aire du tissu adipeux viscéral soit un objectif de l'étude et qu'elle soit mesurée via tomographie ou par IRM ; 3) que la durée d'intervention de l'étude soit d'au moins 6 mois ; 4) que l'exercice physique soit encadré ; 5) que les médicaments utilisées dans les études soient ou aient été approuvés par l'administration américaine concernée (FDA). Au total, ce sont 17 études, soit 3602 participants, qui ont été inclues dans la méta-analyse (12 avec exercice et 6 avec médicament, une étude faisait partie des deux groupes).

Résultats & Analyses

Les principaux résultats de cette méta-analyse montrent que les deux types d'intervention (exercice physique et prise de médicament) permettent de réduire significativement la masse grasse viscérale. Cependant, les résultats montrent que l'impact de l'exercice physique sur la masse grasse viscérale est supérieur à celui des médicaments (DMS : -0.54 vs. -0.27), par rapport aux groupes contrôles. A noter que les études utilisant l'endurance ont observé des résultats supérieurs sur la diminution de la masse grasse viscérale (-16.5 cm²) en comparaison à l'entraînement combinant endurance et musculation (-14 cm²) et à l'entraînement de musculation (12.2 cm²). De plus, l'exercice physique et la prise médicamenteuse permettent de réduire la masse grasse sous-cutantée, la masse corporelle et l'indice de masse corporelle.

Néanmoins, les chercheurs ont également constaté que la réduction moyenne absolue de masse grasse viscérale était supérieure lors des essais avec traitement pharmacologique que lors de ceux réalisés avec exercice physique (-23.9 vs. -15.3 cm²). Toutefois, dans les études avec traitement pharmacologique, le groupe expérimental et le groupe contrôle adhéraient tous deux à une diète avec restriction calorique car les médicaments étaient soumis à une approbation comme complémentaire à une alimentation saine. Ce qui explique donc la plus grande perte de masse grasse viscérale dans ces études.

Enfin, le taux d'abandon moyen dans les deux conditions était de 17.9% pour les personnes pratiquant un exercice physique et de 12% pour les personnes suivant un traitement médicamenteux. Ce qui implique l'adhérence au sport n'est pas si mauvaise, même s'il est toujours plus difficile pour certaines personnes de trouver la motivation à faire de l'exercice.

Applications pratiques

Cette méta-analyse est la première à ne prendre en compte que des essais randomisés contrôlés réalisés sur une période de plus de 6 mois. Et les résultats montrent que l'efficacité de l'exercice physique pour réduire la masse grasse viscérale est supérieure à celle des traitements pharmacologiques. Cependant, par manque de données communes dans les différentes études utilisées, cette méta-analyse n'a pas pu démontrer l'effet ces différentes interventions sur la santé des participants.

Toutefois, il est reconnu que l'exercice physique couplé à une alimentation saine et dont les quantités seraient adaptées en fonction des besoins permettra des résultats encore meilleurs sur la perte de masse grasse générale et sur celle de la masse grasse viscérale en particulier. La perte de masse grasse viscérale en soi permet d'améliorer certains facteurs métaboliques comme la sensibilité à l'insuline, la réduction de l'inflammation chronique, etc., mais l'exercice physique permet de nombreux autres bénéfices (meilleure endurance cardio-vasculaire et musculaire, plus grande force musculaire, amélioration de nombreux systèmes physiologiques, etc.) qu'aucun traitement médicamenteux ne pourrait fournir. De plus, le coût bien plus réduit de la pratique sportive à celui d'un traitement médicamenteux est un avantage certain pour les finances publiques de santé dans le monde.

Références

  1. Rao S, Pandey A, Garg S, Park B, Mayo H, Després J-P, Kumbhani D, de Lemos JA and Neeland IJ. Effect of exercise and pharmacological interventions on visceral adiposity: A systematic review and meta-analysis of long-term randomized controlled trials. Mayo Clin Proc 94 (2) : 211-224, 2019.

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