Après un effort physique, des dommages musculaires peuvent être observées, des douleurs musculaires sont ressenties, des processus inflammatoires se mettent en place et la capacité à produire de la force est diminuée. Ce processus qui apparait après un entraînement ou une compétition altère le volume d'entraînement de l'athlète en obligeant une récupération plus longue entre les séances. La vitesse de la récupération sera influencée par la nature et l'intensité de l'activité. À la suite d'épreuves tel que le marathon, il y a une forte élévation de marqueurs biologiques d'inflammation et de dommages musculaires. Il semble alors intéressant de mettre en place des protocoles de récupération.
Figure 1. Caleçons longs de compression, 2XU.
Dans de précédents articles (ici et là), nous avions déjà discuté des méthodes de récupération, et parmi elles, la méthode nécessitant des vêtements de compression. Elle est l'une des plus en vogue aujourd'hui dans le milieu sportif. Il faut dire que cette méthode a le double avantage d'être simple à appliquer et d'être peu onéreuse. Sur le marché, de nombreuses marques proposent ces produits sous forme de chaussettes, de manchons, de caleçons courts ou longs, et de t-shirts. Et des études montrent les bénéfices que l'on peut en attendre en récupération d'efforts brefs et intenses. Mais quel impact un vêtement de compression a-t-il sur une épreuve d'endurance tel que le marathon ?
Pour le savoir, une équipe de chercheurs britanniques ont observé l'évolution de certains marqueurs biologiques liées à la récupération chez 24 athlètes qui venaient de réaliser un marathon et qui subissaient deux protocoles de récupération différents.
Pour cela, 24 coureurs (7 femmes et 17 hommes) ont participé à l'étude. Tous avaient déjà couru entre 12 et 15 marathons, en 3 heures et 40 minutes, en moyenne. Les athlètes ont été divisés en 2 groupes. Le protocole consistait à courir un marathon puis à subir 2 protocoles : le port d'un caleçon long de compression pendant 72 heures après la course (entre 9.9 et 24.4 mmHg de pression) (Fig. 1) ou 15 minutes de faux ultrasons juste après la course (considéré ici comme un placebo, les sujets ne sachant pas que l'appareil ne fonctionnait pas).
Afin d'évaluer l'impact sur la récupération, les chercheurs ont procédé à plusieurs mesures avant le marathon, juste après, 24 heures après, 48 heures après et 72 heures après, et ce, chez tous les sujets. Les mesures effectuées prenaient en compte :
Le principal résultat de cette étude montre que le port d'un caleçon long compressif après un marathon permettrait de réduire la douleur musculaire perçue 24h après l'épreuve (Fig. 2). Cependant, il n'existe aucune autre différence entre les deux groupes testés, même si les chercheurs notent une tendance (bien que non significative) de récupération supérieure pour le groupe qui portait le caleçon long au niveau de la concentration en Protéines C-Réactives (Fig. 3), en créatine kinase (Fig. 4) et au niveau de la contraction maximale volontaire isométrique (Fig. 5).
Des études précédentes ont déjà montré des réductions significatives des douleurs musculaires perçues et des marqueurs biologiques tels que la créatine kinase. Néanmoins, ces études portaient sur des efforts brefs et intenses. L'étude présentée ici est l'une des premières à s'intéresser au port de vêtements compressifs sur la récupération après une épreuve d'endurance. Le fait qu'aucun des marqueurs biologiques ne présentent une différence significative avec le groupe placebo peut remettre en question la validité du résultat sur la douleur musculaire perçue. En effet, sachant qu'ils portaient un caleçon compressif censé améliorer la récupération, les athlètes ont pu être influencés par cette croyance.
D'après les résultats de cette étude, le port d'un caleçon de compression durant 72 heures après un marathon n'améliore pas significativement la récupération. Seules les douleurs musculaires perçues sont améliorées 24 heures après l'épreuve. Il est néanmoins important de considérer le niveau de pratique des athlètes ayant participés à l'étude. En effet, les études montrent que les athlètes expérimentés sont souvent ceux qui tirent les meilleurs bénéfices des protocoles de récupération. Il sera donc intéressant d'attendre de nouvelles études avec un public d'un niveau plus élevé en endurance pour voir si la compression a un intérêt en récupération.
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