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Xavier Roy, Préparateur physique

par Sci-Sport.com | 26 Février 2013

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Bonjour Xavier, merci d'avoir accepté de répondre à nos questions. Peux-tu te présenter ?

X. Roy - Je m’appelle Xavier Roy, j’ai 26 ans, je suis kinésiologue (i.e., Au Québec, "le kinésiologue est le professionnel de la santé, spécialiste de l’activité physique, qui utilise le mouvement à des fins de prévention, de traitement et de performance".) et préparateur physique à Montréal au Québec. J’ai été joueur de Football américain pendant 14 ans, j’ai commencé à y jouer quand j’avais 8 ans. J’ai fait toutes mes classes au niveau civil dans la région de Montréal pour ensuite jouer au niveau collégial puis universitaire. J’ai joué pendant deux années à l’université de Sherbrooke avec l’équipe de Foot US. Là-bas, j’ai passé mon baccalauréat (i.e., équivalent de la licence universitaire) en physiologie avec une spécialisation en encadrement sportif.

Après avoir complété mes 4 années d’université, j’ai pris un petit peu moins d’une année de repos pour travailler et ensuite j’ai commencé à l’université McGill comme préparateur physique pour les équipes de basket-ball. Parallèlement à cela, j’ai débuté ma Maîtrise en physiologique de l’exercice à l’université du Québec à Montréal. Maintenant, je suis deux équipes de Foot US à l’université de McGill, toujours des équipes de basketball, une équipe de La Crosse, de ski alpin et même d’aviron.

Cela fait 3 ans que j’ai débuté mon entreprise : XR Performance. C’est une entreprise d’encadrement en préparation physique autant pour les athlètes que pour la population générale, des personnes qui veulent se maintenir en forme. J’ai un peu plus d’athlètes. Pour le moment, je n’ai pas de salle personnelle, donc je réalise essentiellement un suivi à distance et je me déplace. Mais le développement de cela pourrait faire partie de mes futurs projets.

Séances d'enseignement de l'haltérophilie pour des étudiants en kinésiologie à l'Université McGill

Figure 1. Séances d'enseignement de l'haltérophilie... (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Quelles étaient tes motivations pour t'orienter vers la préparation physique de haut-niveau ?

X. Roy - J’ai toujours été un grand sportif, j’ai pratiqué le hockey comme la majorité des jeunes québecois quand j’étais plus jeune. J’ai joué environ 4 années, mais à un certain point, j’ai du faire un choix entre le hockey et le Foot US. Car c’était souvent en conflit au niveau des entraînements et des compétitions.

Je me suis dirigé vers les sciences de la santé car c’était un domaine qui m’intéressait et je voulais étudier la physiothérapie (i.e., équivalent de la kinésithérapie en France). Mais finalement, mon parcours a changé au niveau collégial, je me suis alors plus orienté vers les sciences humaines. J'ai pu ensuite intégrer la kinésiologie à l’université, et en parallèle, j’ai commencé à m’entraîner plus sérieusement en Foot US. C’est vraiment à ce moment là que j’ai eu le déclic.

J’ai continué à approfondir mes connaissances au-delà de ce qu’on voyait en cours. Cela m’a poussé à apprendre d’autres professionnels, majoritairement américains. J’ai ainsi suivi de nombreuses conférences dont celles d'Eric Cressey, de Mike Boyle, etc.

Avec quelle(s) discipline(s) sportive(s) travailles-tu en ce moment ? A quel niveau ?

X. Roy - Je travaille majoritairement avec les athlètes en football américain. Je m’occupe de deux équipes au niveau collégial, une sur la rive Sud de Montréal et une autre sur la rive Nord. Ce qui était particulier l’année dernière, c’est que les deux équipes se sont retrouvées dans la même division et elles jouaient l’une contre l’autre.

J’encadre beaucoup de joueurs au niveau de mon entreprise personnelle (XR Performance), ils sont essentiellement de niveau collégial. À l’université McGill, je m’occupe des équipes de basketball féminine et masculine. Je prends également en charge l’équipe de Foot US de cette université, l'équipe de La Crosse et celle de ski alpin. Je touche un peu à tout. Je travaille aussi un peu avec des équipes de baseball.

Le domaine de la préparation physique au Québec est quand même en expansion en ce moment. Mes tâches à l’université et au C.E.G.E.P., c’est en tant que contractuel à temps partiel. J’ai certaines heures pendant la semaine parce que je travaille avec certaines équipes. L’université est un environnement assez particulier, car les sportifs doivent manquer certains entraînements pour passer des examens, comme les résultats scolaires sont très importants. Mais cela dépend des universités, toutes n'y accordent pas la même importance.

Atelier d'haltérophilie organisé par Xavier Roy pour de jeunes joueurs de Foot US

Figure 2. Atelier d'haltérophilie organisé par Xavier Roy... (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Au Québec, au niveau de la préparation physique et de l’entraînement sportif, quelles sont vos influences ?

X. Roy - En ce moment, il y a beaucoup de Gym de Crossfit qui ouvrent leur porte, du moins dans la région de Montréal. Et il y a beaucoup plus de personnes qui deviennent actives et qui vont s’abonner dans ces centres. Au niveau de la préparation physique, pour un sport en particulier, je dirais que beaucoup de jeunes ou d’athlètes qui se demandent si le crossfit serait bon pour eux. Ils vont au moins aller l’essayer, et se faire leur opinion. C’est un courant qui est quand même très populaire au Québec. Beaucoup de centres d’entraînement spécialisés se sont ouverts également. Au niveau de la musculation, à part l’entraînement dit plus fonctionnel, je ne pourrais pas dire. A québec, le bodybuilding est très présent.

Tu travailles avec de nombreuses disciplines sportives différentes, quelle est ton approche en tant que préparateur physique ?

X. Roy - Quand je regarde ce que je faisais quand j’ai commencé à travailler dans le domaine et les programmes que j’ai fait pour certains joueurs de Foot US, je trouve que j’ai eu une belle évolution au niveau de mon savoir.

Mes séances commencent toujours par l’échauffement cardio, la mobilité, avec l’activation neuro-musculaire vers la fin pour progresser au niveau de la complexité et de l’intensité afin d'arriver prêt pour le début de la partie principale. Pour la musculation, ce sera sensiblement la même chose. Je commencerai avec la partie cardio-vasculaire, de la corde à sauter par exemple, juste pour augmenter les fréquences cardiaques, augmenter la chaleur corporelle, etc. Puis je me dirigerai vers un travail de la mobilité avec des exercices d’activation au niveau de la ceinture scapulaire et de la ceinture pelvienne, pour enchaîner avec des exercices plus dynamiques comme des sauts verticaux.

Après cela, je vais travailler au niveau vitesse, accélération si c’est une journée de course, si c’est une journée de musculation, je vais travailler au niveau de la puissance musculaire, pliométrie, exercices d’haltérophilie ou méthode complexe (i.e.,lourd puis léger). Et après cela, musculation plus traditionnelle, souvent je vais travailler plutôt sur le corps en entier plutôt que de diviser. Mais cela dépend du nombre de séances par semaine. Et enfin, retour au calme.

Je travaille avec une périodisation d’entraînement combiné où le but est un développement de plusieurs qualités simultanément. Mais je prends en compte l’âge et le niveau des athlètes pour adapter la charge de travail.

Apprentissage de l'épaulé lors d'un atelier d'haltérophilie organisé par Xavier Roy

Figure 3. Apprentissage de l'épaulé... (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

L’haltérophilie est-elle incluse dans toutes les disciplines avec lesquelles tu travailles ?

X. Roy - Cela dépend des sports. Pour donner un exemple, avec les universités McGill, j’utilise des variations de l’haltérophilie, on en fait deux fois par semaine, soit 2 entraînements sur 4. Cela va dépendre des joueurs, certains sont capables de réaliser des arrachés, donc avec ces personnes je vais plus axer le travail sur la vitesse. Pour les débutants ou les intermédiaires, je vais leur demander de maîtriser l’épaulé, et lors de la deuxième session, on travaillera plus sur un mouvement de jeté.

Pour les équipes de basketball, je ne le fais pas encore, ce n’est pas dans la culture de s’entraîner en musculation. Les joueurs préfèrent travailler en sauts, en changements direction, avec des medecines ball, etc. Je comprends tout à fait, l’haltérophilie n’est pas la réponse à tout et ce n’est pas la seule méthode pour s’entraîner.

Au niveau collégial, j’y vais une fois par mois pour montrer le programme d’entraînement. Et les joueurs s’entraînent souvent individuellement dans des salles près de chez eux. Mais les gyms commerciaux n’ont pas souvent le matériel nécessaire pour pratiquer l’haltérophilie, donc je n’en mets pas dans leur programme.

Comment évalues-tu les progrès réalisés par tes sportifs au cours d’une saison ?

X. Roy - Au début, j’utilisais des tests classiques avec des analyses posturales et des quantifications des différentes qualités physiques et énergétiques (e.g., VO2MAX, vitesse, force, etc.). Mais après au niveau neuro-musculaire, j’ai été chercher en dehors de mon université. Lors d’un séminaire à l’université de Houston, Etats-Unis, on m’a présenté un protocole de tests (environ 55 tests), qui permettent l’évaluation au niveau du gainage, de la triple flexion, de la triple extension, de la mobilité de cheville, de genou et de la hanche, les sauts verticaux, les poussées, les tirages, etc. Il y a un système de progression à l’intérieur de ces tests avec un niveau de 1 à 5. C’est quelque chose que j’utilise avec les équipes de basketball et de Foot US.

Pour quantifier les résultats à tous ces tests, quels matériels utilises-tu ?

X. Roy - Pour les sauts en hauteur, j’utilise l’Optojump quand le nombre de sportifs à tester est très important, c’est plus simple au niveau de la gestion du temps. Sinon j’utilise souvent le Vertex. J’ai expérimenté également les échelles de perception de l’effort comme l’échelle de Borg, par exemple.

Qu'est-ce qui te passionne dans ton métier ? Et qu'apprécies-tu le moins ?

X. Roy - Ce qui me passionne le plus, c’est vraiment le dynamisme. Car il y a tellement de choses à apprendre, c’est un domaine très diversifié. En ce moment, au niveau de ma maîtrise, mon intérêt se porte sur la quantification de la charge d’entraînement, le suivi, les adaptations pendant l’entraînement, comment travailler avec une clientèle un plus jeune, tout ce qui est répertoire de mouvement, l'apprentissage moteur, etc. Je commence à avoir un intérêt grandissant sur tous ces sujets. et je commence à avoir de solides bases. Et puis la préparation physique, ce n’est pas seulement d’être dans une salle de musculation, j’essaie d’élargir mon horizon de ce point de vue.

Ce que j’aime peut-être le moins, et ce que je souhaiterais, c’est d’avoir au Québec une plus grande reconnaissance de la profession de préparateur physique. Cela se fait doucement, mais il n’y a pas d’ordre des kinésiologues. Je pense qu'il est nécessaire d'avoir une meilleure reconnaissance de notre niveau universitaire au niveau du grand public, pour les bien-faits que nous pouvons apporter. Cela se met de plus en plus en place, mais j’aimerais que cela se fasse plus rapidement.

Ce que je n’apprécie pas également, ce sont les courants de pensée, les idées ancrées, où chacun veut à tout prix faire valoir son point sans être constructif. J’essaye d’être le plus ouvert possible à tout ce qui se fait dans le domaine de la préparation physique et de l’entraînement. J’essaye d’apprendre le plus possible de chaque individu et de chaque intervenant. Et j'aimerais que cette mentalité se généralise dans notre milieu.

Xavier Roy en pleine explication...

Figure 4. Xavier Roy en pleine explication... (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

...lors d'un de ses ateliers sur l'haltérophilie...

Figure 5. ...lors d'un de ses ateliers sur l'haltérophilie... (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

...à destination d'un public de jeunes joueurs de Foot US.

Figure 6. ...à destination d'un public de jeunes joueurs de Foot US. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Quels sont tes conseils pour les étudiants qui souhaiteraient s'orienter vers la préparation physique ?

X. Roy - La première chose est développer sa curiosité, faire beaucoup plus de recherches et/ou de lire au-delà de ce qui est donné dans le cadre universitaire. Il faut aussi se créer un réseau et ne pas avoir peur de rentrer en contact avec des préparateurs physiques, que ce soit aux Etats-Unis, en France ou partout ailleurs.

Chaque préparateur physique, chaque personne a un parcours très différent et peut toujours t’apporter quelque chose au niveau de ta pratique ou te faire réfléchir sur comment tu pourrais intégrer certains aspects dans ton entraînement. Par exemple avec le monitoring et l’utilisation de la variabilité de la fréquence cardiaque, c’est quelque chose qui est devenu très populaire ici avec des applications mobiles. Cela force à réfléchir comment je pourrais intégrer cela, est-ce que cela en vaut la peine, y’a-t-il d’autres méthodes qui pourraient être aussi efficaces, etc.

Il faut toujours se tenir au courant de ce qu’il se fait dans d’autres pays, dans d’autres universités. Il faut aller voir le plus de séminaires possibles, discuter avec des professeurs, des entraîneurs d’un sujet qui vous intéresse le plus.

Quelle est ta conception de la relation entre recherche scientifique et le sport performance / de haut-niveau ?

X. Roy - La première fois qu’on m’a introduit ce concept de la relation entre le préparateur physique, le coach et le scientifique du sport, c’était à l’université de Sherbrooke. L’un de mes professeurs prenait l’image d'un pont entre le scientifique et l’entraîneur. Où l’entraîneur était une personne de terrain et le scientifique, quelqu'un de laboratoire, et il y avait ce manque de communication entre les deux. Je vois le préparateur physique comme la personne qui fait le lien entre les deux.

J’essaye de plus en plus de lire les articles scientifiques, d’apprendre de nouveaux concepts. Je pense que le préparateur physique doit être capable de travailleur autant avec l’entraîneur sur le terrain qu’avec le chercheur en laboratoire. Au final, il devrait y avoir cette symbiose qui bénéficierait aux sportifs.

Merci Xavier d’avoir accepté de répondre à nos questions !

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