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Masse grasse viscérale : Exercice vs. Restriction calorique

par A. Manolova | 17 Octobre 2023

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En 2016, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) alertait qu’au niveau mondial 39% des adultes étaient en surpoids et 13% étaient obèses, soit 1.9 milliards d’adultes en surpoids dont 650 millions obèses. De plus, en 2019, 38 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids ou obèses… La littérature scientifique a depuis de nombreuses années reconnu que l’obésité est un facteur de risque majeur de nombreuses maladies chroniques non-transmissibles, telles que les maladies cardiovasculaires, les cancers, le syndrome métabolique et le diabète de type 2. Pour lutter contre cela, des lignes directrices reconnues pour la gestion de l'obésité ont été introduites, mettant l'accent sur les interventions liées au mode de vie, telles que l'exercice physique régulier et la restriction de l’apport calorique alimentaire. Ces mesures visent principalement à réduire la masse corporelle, en utilisant l'indice de masse corporelle (IMC) comme repère, sur la base des seuils définis par l'OMS pour le surpoids (IMC supérieur ou égal à 25) et l'obésité (IMC supérieur ou égal à 30).

Cependant, si l'IMC est en corrélation avec le pourcentage de graisse corporelle lorsqu'il est ajusté en fonction de variables telles que l'âge, le sexe et l'origine ethnique, il ne représente pas totalement le risque de maladies cardiométaboliques. En effet, la graisse viscérale, c'est-à-dire celle qui entoure nos organes internes, présente un risque cardiométabolique beaucoup plus élevé que la graisse sous-cutanée. Bien que l'IMC soit une mesure courante, la littérature scientifique montre que la graisse viscérale doit être considérée comme un facteur de risque indépendant pour les maladies cardiovasculaires et métaboliques. Cela suggère que pour une gestion efficace de l'obésité, l'accent devrait être mis sur la diminution de la graisse viscérale plutôt que sur l’IMC.

Plusieurs études ont tenté de comparer les effets de l'exercice physique et de la restriction calorique sur la réduction de la masse grasse viscérale. Certaines études ont indiqué que l'exercice physique permettrait une réduction préférentielle de la graisse viscérale par rapport à la restriction calorique. Toutefois, les adaptations physiologiques et métaboliques à l'exercice physique et à la restriction calorique sont fondamentalement différentes. Ces différences pourraient également refléter des réponses distinctes en matière de réduction de la graisse viscérale. Or les effets indépendants de l'exercice et de la restriction calorique sur la graisse viscérale, par rapport à des conditions eucaloriques (les calories ingérées sont égales aux calories dépensées) et en tenant compte du déficit énergétique hebdomadaire, restent inconnus. Ainsi, comment l'exercice et la restriction calorique affectent-ils la réduction de la masse grasse viscérale chez les personnes en surpoids et souffrant d’obésité ?

L'étude réalisée

Pour répondre à cette question, une équipe de chercheurs Hongkongais a réalisé une méta-analyse afin de déterminer et de comparer les effets dose-réponse de l'exercice physique et de la restriction calorique sur le tissu adipeux viscéral chez des adultes en surpoids et obèses, tout en contrôlant le déficit énergétique hebdomadaire induit par les interventions.

Pour cela, les chercheurs ont analysé les résultats de 36 études randomisées et contrôlées incluant 2190 personnes et comparant l'exercice (n = 983) ou la restriction calorique (n = 394) avec des groupes contrôles en situation eucalorique (n = 813) chez des adultes en surpoids ou obèses. La majorité des études ont été menées aux États-Unis (n=15), en Asie (n=11) et en Europe (n=9). Huit études ont inclus des personnes souffrant de comorbidités telles que le diabète de type 2, le syndrome métabolique, la dyslipidémie et la stéatose hépatique non alcoolique. Les interventions en matière d'exercice physique allaient de 4 semaines à 2 ans, tandis que les interventions en matière de restriction calorique allaient de 12 semaines à 1 an. La moitié des études ont mesuré la graisse viscérale à l'aide de l'IRM et l'autre moitié à l'aide de la tomodensitométrie.

Résultats & Analyses

Les principaux résultats de cette étude montrent que l’exercice physique et la restriction calorique peuvent tous deux réduire efficacement la graisse viscérale chez les individus, mais seul l'exercice a montré une relation dose-dépendante avec sa réduction. Ce qui signifie que plus on fait de l'exercice, plus la diminution de la graisse viscérale est importante. En revanche, les deux interventions ont eu des effets dose-réponse dans la réduction du tour de taille.

Bien que certaines études aient montré que l'exercice physique pouvait conduire à des réductions plus importantes de la graisse viscérale que la restriction calorique, d'autres n'ont pas trouvé de différence significative entre les deux. Des facteurs tels que la déclaration inexacte de l'apport calorique ou la compensation de la dépense énergétique créée par l’exercice par un apport alimentaire supplémentaire auraient pu influencer les résultats de ces études. Dans l'ensemble, l'exercice physique semble avoir un effet dose-dépendant plus prononcé sur la réduction de la graisse viscérale que la restriction calorique, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour confirmer ces résultats.

Pourtant cette étude a également révélé un effet dose-dépendant sur le tour de taille, tant pour l'exercice physique que pour la restriction calorique. Il est intéressant de noter que, même si le tour de taille est étroitement lié à la graisse viscérale, les principales analyses, prenant en compte les mesures directes par IRM ou par tomodensitométrie, n'ont pas montré d'effet dose-réponse similaire de la restriction calorique sur la graisse viscérale elle-même. Plusieurs études ont relevé que même s’il existe évidemment un lien entre la graisse viscérale et le tour de taille, il n'est pas possible d'estimer avec précision la graisse viscérale en se basant uniquement sur le tour de taille. La corrélation entre la graisse viscérale et une mesure telle que le tour de taille peut varier considérablement d'un individu à l'autre, en particulier entre les différents groupes d'âge et de sexe.

Applications pratiques

L'exercice physique et la restriction calorique favorisent la perte de poids en créant un équilibre énergétique négatif, soit en augmentant la dépense énergétique, soit en réduisant l'apport calorique, respectivement. Certaines études ont démontré que les régimes hypocaloriques pouvaient être supérieurs à l'exercice pour la perte de poids. Cependant, il est important de garder à l’esprit que lors de la restriction calorique, la masse grasse et la masse musculaire sont toutes les deux impactées et cela n’est pas toujours pris en compte dans ces études. L'exercice physique, lui, peut stimuler la perte de masse grasse tout en aidant à maintenir la masse musculaire.

Les adaptations métaboliques à un régime hypocalorique peuvent varier d'un individu à l'autre, malgré des augmentations similaires des taux d'oxydation des graisses. Certains de ces changements métaboliques pourraient réduire l'impact de la restriction calorique sur la graisse viscérale. Connaissant le rôle de la masse musculaire dans la régulation de la dépense énergétique au repos, cela pourrait expliquer les résultats de cette étude qui suggère que l'exercice physique pourrait être plus approprié que la restriction calorique pour la perte de graisse viscérale chez les personnes en surpoids et obèses. Tout cela étant dit, gardez à l’esprit que l’association de l’exercice physique et d’une diète alimentaire adaptée en qualité et en quantité reste primordiale pour une recomposition corporelle efficace sur le long-terme.

Références

  1. Recchia F, Leung CK, Yu AP, Leung W, Yu DJ, Fong DY, Montero D, Lee C-H, Wong SHS and Siu PM. Dose-response effects of exercise and caloric restriction on visceral adiposity in overweight and obese adults: a systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials. Br J Sports Med 57 : 1035-1041, 2023.

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