La potentialisation par post-activation (PAP, pour Postactivation Potentiation en anglais) est un phénomène physiologique qui induit une amélioration de la performance suite à une stimulation musculaire volontaire. Vous trouverez un exemple de son application en natation dans l'article suivant. Il semblerait qu'une forte stimulation (e.g., un exercice à charge maximale ou sous-maximale) stimule le système nerveux central d'une telle manière que celui-ci répondrait par une augmentation du potentiel contractile, et donc d'une augmentation de la force à court-terme, lors d'un exercice réalisé juste après ce stimulus. Les stimulations qui peuvent engendrer une PAP comprennent des exercices à intensité maximale ou sous-maximale, en contraction dynamique ou isométrique. De plus, les mouvements pliométriques semblent également posséder la capacité d'initier une PAP.
Le judo est un sport de combat où l'objectif est de projeter son adversaire et/ou de le maîtriser au sol. Un combat est une succession d'efforts à haute intensité. Cela requière de la part des judokas une importante puissance musculaire, une bonne coordination intra- et inter-musculaire, une bonne endurance et de fortes habiletés motrices pour placer les techniques appropriées. Pour évaluer le niveau de forme des judokas, le Special Judo Fitness Test (SJFT) (Fig. 1), censé représenter les exigences physiques et physiologiques d'un combat, a été mis en place et validé scientifiquement.
Le recours à un protocole de PAP et son intérêt pour la performance dans les sports de combat est encore peu connu. En exécutant des exercices juste avant de réaliser le Special Judo Fitness Test, serait-il possible de générer une potentialisation par post-activation et ainsi d'améliorer la performance à ce test?
Pour répondre à ces questions, des chercheurs brésiliens de l'université de Sao Paulo ont comparé les effets de 3 différents types d'exercices sur la performance lors du SJFT. Huit judokas masculins, tous ceinture marron, ont participé à cette étude. Le protocole expériemental s'est déroulé sur plusieurs jours (non consécutifs) et consistait à réaliser le SJFT selon différentes conditions :
Figure 1. Infographie du "Special Judo Fitness Test" où l'objectif est de comptabiliser le plus de projections durant 3 périodes d'une durée de 15, 30 et 30 secondes, chacune séparée de 10s de récupération.
Lors des différents SJFT exécutés, le nombre de projection réalisée à chaque série a été enregistré. De plus, le résultat à ce test et la mesure de la fréquence cardiaque juste après l'arrêt de l'effort et 1 min après permettent de déterminer un index représentant la capacité physiologique du judoka. Plus l'index est faible, meilleure sera la performance.
Les principaux résultats montrent que durant la première série de 15s du SJFT, les judokas effectuent significativement plus de répétitions lorsque des exercices de pliométrie sont placés avant le test comparativement au test réalisé seul. Aucune autre différence significative n'a été observée durant le reste du test. Enfin, l'index SJFT calculé est significativement meilleur lorsque les athlètes utilisent la méthode de contraste avant le SJFT en comparaison à SJFT seul et à Pliométrie + SJFT.
Les exercices pliométriques ont tendance à améliorer l'efficience motrice durant des exercices, ce qui résulte en une meilleure stimulation nerveuse et une amélioration de la production de puissance. Et la méthode de contraste (alternance de charges lourde et légère) semble quant à elle améliorer la capacité à récupérer lors des efforts impliquant des tâches à haute intensité et des temps de récupération faibles. D'après les résultats de cette étude, il semble probable qu'ajouter des exercices pliométriques ou des charges contrastées avant un effort spécifique au judo puisse améliorer la performance des judokas.
Ces résultats suggèrent que placer des exercices pliométriques avant une tâche complexe, partiellement représentative d'un combat en judo, améliore la performance sur les premières secondes. Mais il est important de noter qu'il n'existe pas de différence significative avec les deux autres méthodes. De plus, il est difficile de savoir si les résultats de cette étude pourraient être retrouvés lors d'un combat de judo, par exemple.
Cela étant dit, Les trois méthodes testées n'affectent pas la performance négativement, il peut donc être intéressant d'inclure des exercices pliométriques ou avec charges contrastées lors de l'échauffement avant un combat afin de stimuler le système nerveux et d'augmenter l'efficience musculaire. Mais rappelons que de nombreux facteurs peuvent influencer l'efficacité du stimulus provoqué par la PAP tels que le temps entre le stimulus PAP et la performance à mesurer, le profil typologique musculaire de l'individu, l'intensité du stimulus PAP, le type de contraction musculaire du stimulus PAP et le niveau d'entraînement des athlètes. Chaque combattant pourra donc répondre différement à ces stimuli.
N'hésitez pas à poser toutes vos questions et à discuter de cet article sur notre forum.
Nous vous rappelons que vous pouvez citer les articles sous réserve de limiter votre citation à 200 mots maximum et d'inclure un lien nominatif vers celui-ci. Tout autre utilisation, en particulier la copie en totalité sur un forum de discussions, sur un site internet ou tout autre contenu, est strictement interdite.
Copyright © 2011-2025 - www.sci-sport.com - Tous droits réservés