Durant l'entraînement de musculation, lors du développé couché, les charges déplacées verticalement, ainsi que les segments corporels impliqués dans le mouvement sont soumis à différentes forces externes, le poids (P, en N) et l'inertie (Finertie, en N). Le poids représente la force gravitationnelle. Elle est dépendante de la masse impliquée dans le mouvement (i.e., la charge additionnelle déplacée + la masse des segments corporels impliqués dans le mouvement) et de l'accélération gravitationnelle (g, 9.8065 m·s-2) :
L'inertie peut être définie comme la tendance d'un corps à maintenir invariable son mouvement. Si les forces qui s'exercent sur un corps sont nulles, alors ce corps conservera son état initial. Si un haltère est sur le sol, il ne changera pas son état tant qu'aucune nouvelle force ne s'appliquera sur lui. Et pour déplacer cet haltère, la force nécessaire dépendra de sa masse et de l'accélération qu'il subira.
En d'autres termes, lorsque vous déplacez une barre chargée au développé couché, non seulement, vous luttez contre la force gravitationnelle, le poids de la barre, mais également contre son inertie, c'est-à-dire son état (e.g., immobile ou en mouvement).
La manipulation des charges externes comme les disques de fonte influence les paramètres cinématiques et cinétiques d'un mouvement, mais cela affecte obligatoirement le poids et l'inertie. Les bandes élastiques, quant à elles, possèdent une masse légère et donc une faible inertie. Leur manipulation pourrait permettre d'étudier l'influence du poids et de l'inertie de manière indépendante sur la cinétique du développé couché.
Pour cela, une équipe de chercheurs serbes et américains a mis au point un protocole basé sur l'utilisation de bandes élastiques et de disques de fonte permettant d'étudier l'influence du poids, de l'inertie et de la combinaison des deux sur la cinétique du développé couché. Pour cette étude, 14 étudiants, pratiquants de musculation, ont participé. Le protocole expérimental consistait dans un premier temps à évaluer le 1RM, et dans un second temps, chaque participant devait réaliser un développé couché concentrique avec projection de la barre contre des résistances équivalentes à 10, 20, 30, 40, 50 et 60% de leur 1RM. Et ils ont répété cette seconde phase selon 3 types de résistance :
Il est important de noter que la barre utilisée pour cette étude et la masse des bras interviennent forcément dans le protocole et ajoutent obligatoirement une composante de poids et d'inertie dans les trois conditions. Les chercheurs l'appellent la charge de référence (CR) et elle était équivalente à 20kg en moyenne.
A l'aide d'un transducteur linéaire (Fitro-dyne, Slovaquie), le déplacement de la barre en fonction du temps a été enregistré à une fréquence d'échantillonnage de 200Hz. Grâce à cette mesure, il a été possible de calculer la vitesse et l'accélération de la barre pour chaque essai.
Les principaux résultats de cette étude montrent qu'en exécutant le mouvement de développé couché avec uniquement la résistance élastique (sans inertie), la vitesse de la barre était supérieure à celle des deux autres conditions (Fig. 4), la force développée était similaire à celle développée avec une barre chargée (Fig. 5) et la puissance produite était significativement supérieure (Fig. 6). En comparaison, la puissance produite avec une barre chargée de disques de fonte atteint une valeur maximale avec une charge équivalente à 30% du 1RM. Ces résultats suggèrent qu'un exercice exécuté avec une résistance élastique permettrait de développer une force importante à une vitesse élevée.
Alors que pour la condition "Force gravitationnelle + Inertie", le profil de la puissance en fonction de la charge additionnelle suit une courbe parabolique avec une puissance optimale atteinte à environ 30% de 1RM (Fig. 6), il en est autrement pour la condition avec résistance élastique. En effet, la puissance produite augmente avec la charge. Cela laisse supposer que le fait de supprimer une grande partie de l'inertie permettrait de déplacer le profil charge-puissance vers la droite et ainsi augmenter la charge optimale, c'est-à-dire la charge qui permet de produire la puissance maximale.
Ces travaux nécessitent d'être approfondis pour confirmer et mieux comprendre ces résultats. En se basant sur cette étude, il est possible de supposer qu'un travail avec bande élastique permettrait une meilleure amélioration de la production de puissance musculaire en comparaison à un travail classique avec charge additionnelle. Différentes études ont déjà démontré les bénéfices sur la production de puissance d'un ajout de bandes élastiques à des charges constantes. Dans ce cas, le travail avec uniquement une résistance élastique équivalente permettrait-il des résultats meilleurs, équivalents ou moins bons ?
Enfin, cette étude montre qu'à résistance équivalente, les paramètres cinétiques sont inchangés voire meilleurs. Le travail avec bandes élastiques semble donc bénéfique pour l'amélioration de la vitesse, de la force et de la puissance. De plus, la forte diminution des forces inertielles et la résistance progressive devraient aider fortement les athlètes lors des phases de rééducation suite à une blessure.
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